"Je répondrai à toutes les questions du tribunal" : au premier jour de leur procès, les deux ex-gérants du Cuba Libre ont assuré devant le tribunal correctionnel de Rouen qu'ils assumeraient leurs manquements à la sécurité. 14 personnes ont péri dans l'incendie de leur bar rouennais en 2016.
Nasser et Amirouche B. sont frères, âgés de 48 et 40 ans. Crânes rasés, chemises bleu marine, les deux hommes qui comparaissent libres sont jugés pour "avoir involontairement causé la mort" de 14 personnes et involontairement blessé cinq autres grièvement, dans l'incendie de leur établissement dans la nuit du 5 au 6 août 2016.
Les deux prévenus sont installés devant le box des accusés habituellement utilisé en cour d'assises. Ils sont à côté de leurs avocats (dessin Mathias Poisnel) #cubalibre pic.twitter.com/x7DWWL8QYm
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"Je répondrai à toutes les questions du tribunal", a déclaré à la barre d'une petite voix Nasser, tout comme son frère Amirouche. Recroquevillés sur leurs chaises, le regard parfois dans le vide, les deux prévenus ont raconté leur parcours avant leur arrivée en France jusqu'au rachat en décembre 2003 par l'aîné du bar, devenu plus tard le Cuba Libre.
Les 2 frères qui attendaient dans la salle des témoins arrivent dans le silence complet. #Cubalibre Les deux hommes vêtus de noir déclinent leur identité.
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Les deux frères, aux casiers judiciaires vierges, sont soupçonnés d'avoir commis une kyrielle de "violations manifestement délibérées d'une obligation de sécurité ou de prudence". Ils encourent cinq ans d'emprisonnement et 76.500 euros d'amendes. Le procès doit durer sept jours.
Pour l'avocat du gérant du bar #CubaLibre maître Antoine Vey, les 2 prévenus font tout pour s'expliquer clairement devant les juges sincèrement pic.twitter.com/UXNn4KD1aR
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Je n'ai jamais pensé qu'un jour, ça prendrait feu. Si je savais, je ferme le sous-sol",
a déclaré Amirouche B., qui avait repris la gérance du bar en 2015.
Quand j'ai repris la location, le seul patron, c'était moi. J'assume les choses qui ont été faites, a-t-il ajouté.
Le propriétaire du #CubaLibre répète qu'il ne savait pas du tout avant le drame qu'il fallait une autorisation pour les travaux de transformation de la cave auprès de la mairie.
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Prié de dire par l'un des avocats s'il dissimulait l'utilisation du sous-sol, le prévenu a répondu :
Je ne le cache pas. Le sous-sol où s'est déroulé le drame était ouvert généralement les jeudis, vendredis et samedis.
Tout l'enjeu de cette audience va être de comprendre par quelle malchance cette série de dysfonctionnements a abouti au drame", a déclaré avant l'audience Antoine Vey, avocat d'un des deux frères.
Fiches d'identité des prévenus
Né en Algérie, Nasser B. est arrivé en France en 1999. Marié, père d'un enfant et titulaire d'un bac+2 en archéologie et civilisation, cet homme qui possède la double nationalité française et algérienne avait travaillé comme agent de sécurité en France avant d'acheter le bar. Après le drame du Cuba Libre, il a été placé sous contrôle judiciaire en décembre 2016. Il est depuis un an agent administratif dans une société de livraison à Paris, après avoir été serveur dans un café de Rouen.Je suis peut-être impulsif mais je ne suis pas foncièrement mauvais, a dit au tribunal cet homme reconnu travailleur handicapé en raison d'un problème de dos.
Visiblement emu, Nacer B propriétaire du bar #CubaLibre se souvient " chez moi Ce n'était pas que des clients, je mangeais avec eux, on sortait en boîte ensemble".
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Le plus jeune a raconté avoir rejoint son frère en France en 2011. Marié, père d'un enfant, il possède une carte de résident renouvelable depuis 2013 et travaille dans une entreprise de transport près de Rouen. Décrit comme quelqu'un de calme, Amirouche, qui assistait Nasser dans la gestion du bar les premières années, a dit avoir "toujours eu du respect pour son frère". Depuis les faits, il est suivi par un psychiatre et sous traitement médical.
Lorsque Nacer B donne la location gérance du bar #CubaLibre à son frère Amirouche en 2015 l'utilisation de la cave pour accueillir des clients n'est pas inscrite dans le contrat
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La liste des manquements à la sécurité établis par les enquêteurs est longue : les prévenus ont "laissé verrouillée l'unique porte de secours du sous-sol", les murs et les plafonds étaient recouverts de plaques de mousse en polyuréthane insonorisante mais extrêmement inflammable et fumigène.
Experts, pompiers, policiers sont appelés à venir témoigner au procès.
Tous diront clairement que cette cave, c'est un piège qui s'est refermé sur 14 malheureuses victimes, avait déclaré avant le procès Marc François, avocat de la famille d'une victime décédée.
Frédéric Nicolas et Jérôme Bègue étaient sur place ce lundi (dessins : Mathias Poisnel, montage : Stéphanie Pierson) :